Il est des jours où pour un bon mot, pour amuser quelques lecteurs ou une assistance mondaine, on aurait mieux fait d’être plus mesuré. C’est peut-être ce que doit se dire d’outre-tombe le critique et graveur Charles Blanc. Il faut dire que notre homme y avait été plutôt en force, affirmant que « la vie de Barye se raconte en quinze lignes ». Formule peut-être drôle, mais surtout lapidaire et fausse. A-t-on vraiment tout dit sur le « plus grand sculpteur de son temps », selon les mots de son biographe Michel Poletti, qui lui a consacré en 2002 une œuvre majeure de plus  de 300 pages (Monsieur Barye chez Acatos) ? A-t-on tout vu de cet artiste qui aura marqué éternellement son temps, car tout à la fois classique, romantique et naturaliste ?  Nous avons la faiblesse de croire que non, car nous-mêmes nous remettons sur l’ouvrage, très exactement dix ans après lui avoir consacré un portrait (Jours de Chasse n° 7). Il était, en effet, difficile ne pas évoquer à nouveau Antoine-Louis Barye (1795 1875) à l’occasion d’une exposition étonnante, presque déconcertante pour celui qui n’a que de vagues idées sur notre sculpteur, organisée jusqu’au 31 janvier à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris : ce ne sont pas une foultitude de bronzes qui sont présentés, mais des dessins du « Michel-Ange de la ménagerie », selon la très jolie formule de Théophile Gautier. Voilà qui comble une lacune et répare une injustice.